La plaque de la Gomma

 

Au lieu dit "La Gomma", lors de la seconde guerre mondiale fut installée l'infirmerie des Francs Tireurs et Partisans de l'Isère (FTP).

 

  Dès Septembre 1943, l'état major des FTP recherche un local.

 

  Césaire Rey, ancien combattant de la guerre de 14-18 et résistant, met à disposition un bâtiment agricole qui servira de centre de soins. Celui ci sera aménagé par les groupes résistants FTP Marne et Bayard avec le soutien des milieux hospitaliers de Grenoble.

 

 Le 7 Juin 1944, l' infirmerie est attaquée par la milice.

 

   Les résistant présents dans l'infirmerie parviendrons à repousser les miliciens. Deux résistants FTP serons grièvement blessés : le résistant Maurice Roche, agé de 20 ans et le résistant André Tisserand, agé de 23 ans, qui décèdera de ses blessures. La milice reviendra peu après avec du renfort pour piller et incendier le bâtiment.
 

 

La maison dans laquelle logeait la famille Tisserand/Eynard et qui se trouvait à proximité fut également détruite par explosion. L'habitation actuelle fut reconstruite en lieu et place en 1949.

 

 


 


 

Récit de l’attaque de l’infirmerie

de la Gomma

 


 

Texte mis à disposition par Marcelle Roche et son neveu Alex d'après un témoignage audio de Maurice Roche enregistré en 1980 (archives famille Roche).

 

Le 7 juin 1944, en fin d'après-midi, se trouvent dans les lieux Maurice, Aldo Trévisson, qui, de passage, se rend en Chartreuse avec un sac d'explosifs, et Henri Riondel. Un parachutage d’armes étant attendu, ils écoutent la BBC.

 

Une camionnette monte à Clémencières. André Tisserand remonte chez lui en vélo après son travail, vers 17H30. La montée étant difficile, il tente de s'accrocher au véhicule. Ce dernier s'arrête. Le chauffeur le fait monter, et lui demande de les conduire vers ses amis. André, sans doute mis en confiance à la vue de gens connus, obtempère.

 

Ils arrivent, frappent à la porte. Le mot de passe est donné « P'tite tête ». C'est ce qui est convenu entre Maurice et André. Maurice ouvre. Il voit un type d'une trentaine d'années avec un chapeau et un autre qui garde une main dans la poche.

 

Il comprend tout de suite. Il se met de côté. Trop tard, le type tire. Une balle atteint Maurice au poignet et à l'aine.

 

Malgré ses blessures, Maurice parvient à gagner le fond du couloir où se trouve une cheminée, il prend son pistolet, posé sur le linteau de celle-ci. Un second coup est tiré, qui ne l'atteint pas. André, qui l’a suivi après le premier tir, est grièvement touché.

 

D'habitude, par sécurité, il y a toujours un gars armé près de la cheminée, lorsque quelqu'un se présente à la porte, mais, hélas, pas ce jour-là. Riondel, surpris, a juste le temps de se cacher sous l'escalier. Trévisson suit Maurice à l'étage.

 

Pour voir ce qui se passe, Maurice demande à Trévisson de retirer des tuiles du toit. Un tir nourri les reçoit. Maurice tire tant qu'il peut, mais l'arme s'enraye. Il avoue avoir, à ce moment-là, pensé au suicide. Blessé, il réarme comme il peut. Puis, apercevant une lucarne, il décide de tenter sa chance une fois de plus et tire de nouveau. Les miliciens estimant sans doute les résistants plus nombreux, décident de retourner à Grenoble chercher du renfort.

 

Les miliciens partis, Trévisson et Riondel procurent les soins d'urgence aux blessés. André, grièvement atteint, est laissé sur place.

 

Une camionnette des FTP devant passer, ils espèrent qu'il sera secouru. Eux sautent par la lucarne. Lors de la réception au sol, Maurice se trouve mal. Un moment après, ses camarades l'aident et ensemble, ils traversent les prés en contrebas pour remonter bien plus loin vers la route qui conduit à Quaix.

 

La camionnette arrive à l'infirmerie. Jarrand et les résistants présents dans le véhicule trouvent André ensanglanté. Ils le placent dans la camionnette.

 

Mme Eynard (soeur d'André), partie à pieds vers 14H à Grenoble pour aller chez le médecin, voit à son retour qu'il se passe quelques chose d'anormal. Elle s'approche de la camionnette, voit son frère conscient. Celui ci lui dit qu’il est gravement touché et qu’il ne s’en sortira pas.

 

Mme Eynard laisse momentanément André et part chercher sa mère. Lorsqu'elle revient sans elle, la camionnette est partie.

 

Sur la route, Maurice, Trévisson et Riondel sont récupérés par Jarrand et conduits à Quaix.

 

Les FTP savent que le docteur Cadence de St-Egrève réside à ce moment là dans le secteur. Ils le sollicitent et les premiers soins sont donnés aux blessés. Les deux blessés sont ensuite transportés, non sans mal, à l'usine électrique de la Monta, près du lieu-dit les «Prises», à St-Egrève, où ils restent cachés deux jours.

 

Les FTP finissent par trouver une ambulance pour emmener les blessés à la clinique St Paul à Grenoble. Par sécurité, les blessés partiront seuls avec le chauffeur.

 

Comment les différents barrages sont-ils franchis ? Maurice l'ignore. Recherché, il ne restera que peu de temps à la clinique. Mme Eynard, prévenue par le garde champêtre que la Résistance a informé, ira voir son frère. Il décédera le 10 juin 1944.

 


 


 

Inauguration de la nouvelle plaque de la Gomma le 28 septembre 2019